En arrivant au Mexique, nous n'avions qu'une hâte : nous rendre sur la côte pour goûter les joies de la plaine. Nous nous étions fait notre petit scénario, et nous nous voyions déjà sur la plage, en train de siroter un nectar de mangue... Mais c'était faire fi un peu trop vite de la réalité de la terre mexicaine!
D'abord, nous comprenons vite qu'il nous faut à tout prix éviter les routes étroites et fréquentées. Sous peine de mort. Ensuite, nous comprenons, dans la lenteur de notre ascension, que, pour éviter ces routes, il nous faut affronter la montagne. Et tel Sisyphe courbé sur sa pierre, nous peinons le dos rond sur le guidon. Jamais montagne ne s'est montrée aussi pentue.
La Sierra Madre fut vite rebaptisée Sierra Puta Madre par le Capitaine Haddock.
Nous suons toute l'eau de l'océan, pédalant sans avancer dans un sauna vert. La Sierra Madre a perdu depuis longtemps son instinct maternel. Nous commençons à regretter les routes étroites et fréquentées...
D'autant que la Madre n'est pas seule : elle porte en son sein ses fils. Les ombres des Enfers de Sisyphe. Celles qu'on ne voit jamais mais qui occupent tous les esprits. Ils ont des noms de tribus : les Cestas ou la Lina. Ce sont les narcotrafiquants. Les paysans locaux ne cessent de nous mettre en garde. Francisco, chez qui nous nous reposons toute une journée, nous rapporte bon nombre d'histoires prêtes à remplir les colonnes de faits divers.
La souffrance physique est une chose. La peur en est une autre.
Et elle est régulièrement alimentée par le passage de dizaine de militaires en armes. Notre chemin qui paraît pourtant si paisible, est parsemé de postes de gardes barricadés. Des Cerbères mal assurés.
La tension règne. Et nos sourires se crispent.
Nous décidons vite de tirer notre révérence, et de nous diriger vers des cieux plus cléments. Boire l'eau du Léthé. Aller vers l'Est : là où le soleil se lève mais ne brûle pas. Là où la Madre se perd. Le règne de l'Altiplano!
C'est avec un plaisir presque revanchard que nous enjambons la Sierra de la fenêtre du bus. Les vélos sont couchés dans la soute. Nous apprécions d'être simplement assis, à ne rien faire. Bercés par les innombrables lacets de la montagne, et par les fausses notes d'un vieux guitariste à la voix éraillée. Les heures passent sans que l'on se lasse. Les lumières de la ville se voient déjà au loin. La nuit est là lorsque Chihuahua nous tend les bras.
Nous savons que demain est un autre jour et que la Sierra et ses fils de rien sont derrière nous. Nous savons qu'il nous reste un bon nombre de kilomètres avant de regagner la côte. Mais autour de nous, l'horizon est ouvert. Le tapis rouge de l'altiplano s'est déroulé!
D'abord, nous comprenons vite qu'il nous faut à tout prix éviter les routes étroites et fréquentées. Sous peine de mort. Ensuite, nous comprenons, dans la lenteur de notre ascension, que, pour éviter ces routes, il nous faut affronter la montagne. Et tel Sisyphe courbé sur sa pierre, nous peinons le dos rond sur le guidon. Jamais montagne ne s'est montrée aussi pentue.
La Sierra Madre fut vite rebaptisée Sierra Puta Madre par le Capitaine Haddock.
Nous suons toute l'eau de l'océan, pédalant sans avancer dans un sauna vert. La Sierra Madre a perdu depuis longtemps son instinct maternel. Nous commençons à regretter les routes étroites et fréquentées...
D'autant que la Madre n'est pas seule : elle porte en son sein ses fils. Les ombres des Enfers de Sisyphe. Celles qu'on ne voit jamais mais qui occupent tous les esprits. Ils ont des noms de tribus : les Cestas ou la Lina. Ce sont les narcotrafiquants. Les paysans locaux ne cessent de nous mettre en garde. Francisco, chez qui nous nous reposons toute une journée, nous rapporte bon nombre d'histoires prêtes à remplir les colonnes de faits divers.
La souffrance physique est une chose. La peur en est une autre.
Et elle est régulièrement alimentée par le passage de dizaine de militaires en armes. Notre chemin qui paraît pourtant si paisible, est parsemé de postes de gardes barricadés. Des Cerbères mal assurés.
La tension règne. Et nos sourires se crispent.
Nous décidons vite de tirer notre révérence, et de nous diriger vers des cieux plus cléments. Boire l'eau du Léthé. Aller vers l'Est : là où le soleil se lève mais ne brûle pas. Là où la Madre se perd. Le règne de l'Altiplano!
C'est avec un plaisir presque revanchard que nous enjambons la Sierra de la fenêtre du bus. Les vélos sont couchés dans la soute. Nous apprécions d'être simplement assis, à ne rien faire. Bercés par les innombrables lacets de la montagne, et par les fausses notes d'un vieux guitariste à la voix éraillée. Les heures passent sans que l'on se lasse. Les lumières de la ville se voient déjà au loin. La nuit est là lorsque Chihuahua nous tend les bras.
Nous savons que demain est un autre jour et que la Sierra et ses fils de rien sont derrière nous. Nous savons qu'il nous reste un bon nombre de kilomètres avant de regagner la côte. Mais autour de nous, l'horizon est ouvert. Le tapis rouge de l'altiplano s'est déroulé!
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