21 juillet 2009 - Loudun - La besace est pleine, mais le monde est grand !

Me voici donc à mon bureau d’étudiante, au milieu des mille et un objets qui font que chez moi est chez moi. Une rose rouge fraîchement coupée a été délicatement posée au milieu d’eux ; je reconnais le geste tendre et aimant d’une maman dans l’attente. Tout est là. Rien n’a bougé. J’ai posé mon appareil photo sur la table. Moi aussi je suis là. Un an de plus. Un an après. Une seconde ou un milliard d’années.

Les derniers kilomètres qui écrivent la fin de notre aventure ont la main qui tremble. La pluie qui nous arrose fait baver l’encre de nos émotions : nous ne savons pas très bien ce que nous ressentons. Nous sommes quelque part entre joie intense et tristesse mélancolique. J’ai mal aux jambes comme jamais depuis un an, et ma gorge se serre. Nous avons tant de fois imaginé ce moment… Nous nous sentons comme la corde d’un arc trop tendu et savons que l’étreinte de nos proches fera partir la flèche du mot « fin ».
Irrémédiablement nos jambes tournent. Nous avançons.

Instants magiques des retrouvailles. Le cœur des miens sur le mien. Un trop plein de sourires et de regards mouillés. Et cette vague impression de s’être quittés hier.

Hier, aujourd’hui, - et nos trésors dans le ciel. Nos trésors humains et amoureux, nos trésors de nature et de grandeur, nos trésors de vie. En sirotant l’irrésistible champagne, je sais que vous êtes là, dans ma besace imaginaire. J’aperçois Maria sur le canapé, et Berta aux fourneaux ; Brian est déjà dehors à jouer au fresbee-golf, et Yulé observe silencieusement la terre du potager, - au loin, la cime de la Cordillera Blanca me regarde. Rien n’a changé, mais tout a changé : notre regard s’est coloré des couleurs du monde. Et cela ne se voit pas à l’œil nu.

Ce que nous avons vécu nous appartient à jamais. Blanche-Neige et son Capitaine n’ont pas fini de s’émerveiller de leur conte américain. Et le raconteront encore à ceux qui cherchent des trésors ; à ceux qu’un désert de sel ou un flamand rose fait pleurer. Ils ouvriront leur besace et partageront les trésors. Ils les protégeront aussi.
Et ils recommenceront. Car la besace est pleine mais le monde est grand. En savourant le Saint-Honoré des retrouvailles, nous rêvons déjà aux steppes de Mongolie. Les derniers kilomètres de notre voyage ont fini leur phrase par trois points de suspension.
Sans le moindre tremblement.

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